Madame la Maire, Chers collègues, merci Delphine Bonamy pour cette présentation.
En 1992, le rapport Brundtland du nom de la Première Ministre Norvégienne, a forgé ce concept de “développement durable”. Il s’agit de répondre aux besoins réels du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Par exemple, en maintenant des écosystèmes en bon état, en préservant la santé de toutes et tous, et en mettant l’économie au service d’un projet de société soutenable. Et à ce titre un projet, une infrastructure, est au cœur de l’actualité ces dernières semaines et mérite d’être abordée : l’aéroport Nantes Atlantique.
Est-ce qu’atteindre 9 millions de passagers à Nantes Atlantique en 2040, 30 fois la population de Nantes, préserve l’environnement ? Non.
Est-ce qu’elle préserve la santé des Nantaises et des Nantais ? Non plus.
Est-ce qu’elle met l’économie au centre d’un projet de société durable et désirable ? Encore non.
Est-ce que c’est un enjeu social d’égalité ? Sûrement pas.
L’aéroport a été dimensionné pour 3,5 M de passagers. Ce niveau à été atteint en 2006. De 3,5 M de passager en 2006, nous sommes passés à 6 millions en 2022, et la projection est entre 9 et 11 millions pour 2040. Vous vous rappelez 2006 ? On se déplaçait en charrue sur le périph, aller aux Amériques se faisait en bateau en 3 semaines… Non. Maîtriser le développement aérien, ce n’est pas revenir au XVIIIème siècle, c’est un enjeu de responsabilité et de préparation de l’avenir.
Il est injustifiable, en 2023, de faire peser les loisirs et le confort de quelques-uns sur la santé et l’environnement de toutes et de tous. Je rappelle ici que 20% des Français n’ont jamais pris l’avion de leur vie, et cette année, près d’un Français sur deux n’est pas parti en vacances.
Il est intolérable, en 2023, de ne pas considérer la très lourde responsabilité climatique du secteur aérien. L’aviation civile produit à elle seule 1 milliard de tonnes équivalent CO2, soit l’équivalent des émissions du Japon. Et soyons clairs, les promesses de décarbonation ne sont que des promesses en l’air si les compagnies continuent d’ouvrir des lignes à tout va. En matière de transition comme toujours : avoir un excès de confiance dans la technologie, c’est se mettre des œillères. Il y a même un mot-valise pour ça : climato-rassuriste. L’avion fait du bruit, pollue, émet du CO2 en grande quantité, et ça va rester comme ça. Les avions ne sont pas notre avenir, ni en termes d’économie, ni en termes d’écologie.
Il est irresponsable, en 2023, de ne pas prendre la mesure des impacts de l’activité aéroportuaire sur la santé. L’OMS elle-même reconnaît les effets de la surexposition au bruit : des perturbations du sommeil, une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires, et un retard sur les apprentissages des enfants.
Très concrètement, nous éluEs écologistes, demandons à l’État d’inscrire dans le nouvel appel d’offre :
- Le respect du couvre-feu et l’extension de celui-ci de 23h à 7h, afin de respecter les huit heures de sommeil recommandées par l’OMS ;
- Le plafonnement du nombre de vols à 56 000 par an ;
- Un système de gouvernance qui inclut les habitants et toutes les communes dans la co-construction du futur de cet aéroport.
Je me permets au passage de relayer ici l“Appel citoyen pour limiter les nuisances sonores et l’impact climatique de l’aéroport de Nantes-Atlantique” sur le site Change.org, que tous les Nantais et Nantaises peuvent signer et qui reprend ces différents points.
Alors, les écologistes sont-ils opposés à un petit week-end en amoureux à Rome ? Déjà, tout le monde n’a pas les moyens de le faire, l’aller et retour sur un week-end est assez discutable… mais il faut surtout que l’alternative existe ! L’association « Oui au train de nuit » nous dit qu’un Nantes-Rome prend 13h30. Imaginez : vous allez en gare de Nantes à 19h un vendredi soir pour un long week-end, vous prenez place dans un wagon couchette, vous vous endormez bercé par le ronronnement de la locomotive, vous n’avez pas dépensé trop d’argent car l’Etat se sera enfin mis à plus subventionner le train que l’avion, et le lendemain vous vous réveillez à 9h30 à Rome, avec la conscience de n’avoir pas pollué l’environnement de tout le monde ni la planète. Appuyons de tout notre poids politique dans la création de ces lignes de train de nuit ! C’est ça le futur.
Soyons à la hauteur des enjeux qui nous attendent. Offrons à tous et toutes, y compris aux générations futures, le droit de vivre dans un environnement sain et apaisé.
Nantes, dont l’engagement est permanent en matière de politiques de santé mais aussi en matière de lutte contre le changement climatique, ne peut dépendre d’une infrastructure portant un modèle d’attractivité et de tourisme dans lequel la santé et l’environnement des populations ne sont qu’une variable d’ajustement.
Je terminerai en citant Saint Exupéry, qui disait : “’avec l’avion, nous avons appris la ligne droite”. Eh bien il est désormais temps d’apprendre la bifurcation.