Merci Madame la Présidente, mes chers collègues,
Je voudrais ici reprendre Ivan Illich, qui disait dans son livre “Énergie et Équité” : « Aujourd’hui, les gens travaillent une bonne partie de la journée seulement pour gagner l’argent nécessaire pour aller travailler ». Entre le temps que nous passons derrière le volant et le temps de travail que nous devons faire pour payer l’essence, la voiture et sa maintenance, le tout pour ces quelques 25km par jour en moyenne, Ivan Ilitch estime que, dans une voiture, on ne se déplace en réalité qu’à 6km/h. Bref on irait aussi vite a pied, et plus vite en vélo.
Paraphrasons aussi André Gortz, dans un court texte “idéologie sociale de la bagnole”, récemment réédité par des Nantais : En apparence, la voiture confère à ses propriétaires une indépendance illimitée, leur permettant de se déplacer aux heures et sur les itinéraires de leur choix à une vitesse égale ou supérieure à celle du chemin de fer. Mais, en réalité, cette autonomie apparente a pour vrai visage une grande dépendance. Aux énergies fossiles d’abord, mais aussi à nombre de services de réparations et de contrôle. Car contrairement à une paire de chaussure ou au vélo, l’automobiliste n’est pas possesseur et maître de sa voiture. Il a un rapport d’usager et de consommateur. L’autonomie apparente du propriétaire d’une automobile est en fait une radicale dépendance.
Il n’y a visiblement plus qu’un seul Français pour glorifier encore la voiture en 2023, comme si on était encore dans les années 50. Manque de pot, ce Français, il est Président de la République.
Non seulement la voiture pollue et met en danger, mais elle coûte aussi bien plus cher, en argent, en énergie, en stress et en temps, que ce qu’on voudrait nous laisser penser. Le luxe aujourd’hui, c’est de pouvoir se passer de la voiture. Même si l’on sait que certaines situations particulières, certains métiers, certaines difficultés de déplacements, nécessitent de prendre la voiture ; une immense majorité d’entre-nous aspire à s’en passer. Et c’est pour cette raison qu’il est impératif d’agir, en tant que collectivité. Notre devoir de justice sociale et d’accès à la mobilité pour tous et toutes, c’est bien de permettre aux transports économes en argent et en énergie, comme le vélo ou le train, d’être plus sécurisés et plus rapides, et donc plus économes en temps.
Alors accompagnons nos citoyens dans ce luxe du XXIe siècle, celui de ne plus avoir besoin de la voiture, et donc de retrouver son autonomie.
C’est le but de cette délibération, et de la politique publique que mon collègue écologiste et citoyen mène au quotidien. Changer le paysage urbain, changer les ordres de priorités données dans nos villes et politiques publiques, cela demande des investissements et des choix. C’est en finançant des infrastructures cyclables, à hauteur de 7.8 millions pour ce conseil métropolitain, que nous pourrons offrir des alternatives réelles et efficaces à la voiture.
Le vélo n’est pas un gadget, c’est une révolution.
La France souffre d’autosolisme, et nous devons la soigner.
ça va prendre du temps, ce n’est pas une action d’un jour, mais un projet au long court,
une manière différente de voir ce qui nous entoure.
Et comme il faut bien commencer, pour cette délibération, nous voterons pour.
Je vous remercie.