Plan Climat 2024 : un plan climat populaire vers la neutralité carbone

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Merci Madame la Présidente, bonjour à toutes et tous, chers collègues.

Notre planète, notre métropole, nos ville seront-elles encore habitables dans 30 ans ? Notre mode de vie, notre relation à la nature, l’état de l’environnement nous assureront-ils les conditions d’une vie heureuse dans les années à venir ? Nous sommes confrontés à cette question vertigineuse.

Pour y répondre, les climatologues nous proposent nombre d’indicateurs et de méthodes au nom parfois barbares : les GES, les émissions de CO2 et de CH4, les COP, les données moulinées par le GIEC, selon les scopes 1,2 ou 3… Ce compagnonnage entre la science et l’action politique est absolument nécessaire. Mais ce n’est pas à coup de sigles technos que nous pourrons embarquer la société.

En effet ,ce qui nous attend est un changement de civilisation, le passage d’un monde où la prédation et la consommation constituent l’unique voie pour la liberté et la réalisation de soi, à un monde où la recherche d’autonomie collective et de justes besoins nous permettront de vivre heureux.

Tandis que les sciences du climat s’étoffent, à travers des croisements entre climatologues et sociologues, et glaciologues et philosophes… nous aujourd’hui, en local, apportons notre petite pierre à cet édifice, avec le nouveau Plan Climat Air Energie Territorial de Nantes Métropole.

Un Plan Climat Populaire

Nous avons décidé d’élaborer un « PCAET populaire », un plan climat qui sera « populaire » parce qu’il se préoccupe d’abord et avant tout de la vie des gens. Notre objectif, c’est en quelque sorte de réveiller, animer et même reconnaître une forme de « classe écologique » dans notre société, pour reprendre les mots de Bruno Latour.

Un plan climat populaire, c’est dire que la question écologique est suffisamment importante dans la vie des gens, pour faire qu’ils et elles changent leur manière de vivre.

C’est dire aussi que la lutte contre le changement climatique est tout autant constituée par la mobilisation citoyenne et politique, par l’action d’une association de quartier qui provoquent des ateliers sur la réparation d’objets, que par les millions d’euros que nous investissons dans les infrastructures.

Ce plan climat « populaire », c’est aussi l’occasion de rappeler que celles et ceux qui polluent le moins sont le plus directement touchés par le dérèglement climatique. Le réchauffement climatique sera en effet un énorme accélérateur d’inégalité sociales : progresser vers un monde plus écologique porte nécessairement un enjeu de solidarité et d’égalité.

Une mobilisation de longue haleine

A Nantes Métropole, nous n’en sommes pas au début de la mobilisation climat. Il y a plus de 15 ans que notre collectivité met et remet l’ouvrage sur le métier, s’imposant d’ailleurs comme une pionnière en la matière. Notre premier Plan climat date de 2007, c’était alors une démarche volontariste qui fait émerger le sujet.

En 2018, le plan climat est adjoint de volets « Air » et « Énergie » devenant un « PCAET ». Ce premier PCAET a alors été travaillé au travers du Grand débat sur la transition énergétique : ce sont les problématiques de l’énergie et de la nécessité de faire baisser nos émissions de GES qui se sont imposées. A l’heure où nous débattons de notre troisième plan climat, vous me permettrez un clin d’œil amical à mes prédécesseurs, qui ont assumé avant moi la responsabilité qui est la mienne aujourd’hui : je pense à Ronan Dantec, Pascale Chiron et bien sur Julie Laernoes.

Notre nouvel horizon, c’est la neutralité carbone en 2050, le moment ou le territoire n’émet pas plus de gaz à effet de serre (GES) qu’il peut en stocker. À l’échelle mondiale, ce sera le moment où le réchauffement climatique ne s’aggravera plus : c’est le sens de l’Accord de Paris.

Que c’est-il passé sur notre territoire ?

Sur les 20 dernières années, de nombreuses transformations ont eu lieu sur notre territoire, de nombreuses actions volontaristes ont été portées par les politiques publiques. Cela nous a permis de réduire nos GES de 35 % par habitant.

Et pourtant, si nous continuons le rythme d’évolution de ces 20 dernières années, nous n’atteindrions la neutralité carbone qu’en 2320 … au lieu de l’objectif de 2050 ! Nous avons 270 ans de retard.

Grâce aux actions mises en place depuis le début de ce mandat, nous avons une nouvelle fois infléchi la trajectoire de nos émissions, un « moins 15 % » supplémentaires d’ici 2030. Mais cela reste insuffisant, il nous faut hausser nos ambitions, sérieusement et fortement.

Un objectif de baisse de 46 % des émissions d’ici 2030

S’appuyant sur les Scénarios Transitions 2050 de l’Ademe, sur la Stratégie Nationale Bas Carbone de l’État, les services de la Métropole et l’AURAN, entouré de tous les acteurs et actrices du territoires, et en accord avec les vice-présidents/présidentes de la Métropole, nous avons pu déterminer un objectif. Un objectif chiffré.

Celui de – 46 %. Il nous faut réduire nos émissions de 46 % d’ici 2030, par rapport à 2021. C’est la condition nécessaire, pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Cet objectif ambitieux mais réaliste, au vu des enjeux, doit nous entraîner à ne plus nous satisfaire des petits progrès réalisés, le coté « on a de touillettes en bois à la machine à café au boulot, une bonne partie du job est fait ». Non, les éléments chiffrés démontrent que les ruptures sont encore à venir.

Nous assumons donc d’afficher ce qu’il est nécessaire de faire. A un niveau d’objectif tout à fait en accord avec ceux de villes comme Paris, Bordeaux, Lille ou Rennes…

Une précision à de stade : le Plan Climat de Nantes Métropole ne se limite pas à l’activité et aux émissions de notre seule collectivité. C’est bien l’activité du territoire tout entier qui est concernée. Le rôle de la collectivité est de rassembler ; fournir les éléments objectifs sur notre territoire ; créer le consensus nécessaire à sa transformation ; et agir avec nos politiques publiques.

Briques nouvelles

Le nouveau PCAET comprend quelques nouvelles briques :

  • l’intégration du « SCOPE 3 » : c’est-à-dire la prise en compte des émissions indirectes, ou dites « importées »
  • le déploiement du PAQAM (plan d’amélioration de la qualité de l’air métropolitain) : les mobilités y sont un grand sujet de mobilisation, avec les transports routier et aérien.
  • une nouvelle gouvernance ouverte dédié au climat

J’ai été frappé tout au long du processus de construction de ce Plan climat, par la maturité et par l’envie de faire qui s’est exprimée. Elle s’est exprimée lors du Grand Débat Fabrique de nos Villes. Elle s’est exprimée dans notre réponse collective faite à l’appel à projet européens « 100 villes intelligentes et neutres en carbone ». Elle s’est exprimée lors des « ateliers de la bifurcation » que nous avons organisés avec nos partenaires, associatifs, consulaires et économiques : soit 6 mois de travail, deux « rendez-vous climat », mobilisant au total 150 acteurs et actrices.

Cette volonté de faire ensemble, nous espérons qu’elle s’exprimera aussi lors de la période de consultation du PCAET qui va s’ouvrir à la rentrée, avec un véritable « Automne du Climat » à Nantes métropole.

Pour garder cette énergie, nous proposons de créer une nouvelle gouvernance ouverte, avec un Conseil pour le climat : un espace de dialogue entre associations, réseaux et acteurs institutionnels sur les questions climatiques sur la métropole.

Atténuation renforcée

Ce PCAET renforce les actions d’atténuation, c’est-à-dire les actions qui contribueront à faire baisser les émissions de gaz à effet de serre de notre territoire. De multiples pistes sont explorées. Certaines renforcent des directions déjà entamées, d’autres en défrichent de nouvelles. 54 actions sont identifiées, en voici quelques-unes :

  • nous explorerons ainsi la possibilité d’installer des moyens de production photovoltaïque le long du périphérique nantais,
  • nous continuons à renforcer la place des mobilités actives, pour notamment faire passer la part modale du vélo de 12 à 15 % à horizon 2030,
  • nous multiplierons par deux le nombre de logements rénovés thermiquement, pour arriver à 10000 par an,
  • ou encore nous accompagnerons la transition des serres industrielles chauffées (qui consomment 1/4 du gaz fossile de la métropole) vers des systèmes peu consommateurs de ressources.

Adaptation

Parmi les principales nouveautés de ce Plan Climat, il y a la part plus importante que prennent désormais les actions d’adaptation. Il s’agit d’anticiper, de préparer notre territoire aux impacts du changement climatique. Dans les années 90, on pouvait en quelque sorte « choisir » entre s’adapter au changement climatique ou lutter contre le changement climatique. Vue la situation mondiale actuelle, on a clairement bien fait ni l’un ni l’autre, et aujourd’hui nous devons mener ces deux combats de front.

Une étude a démontré qu’un tiers des Nantais estiment que leur logement est invivable en cas de canicule, et que même la moitié estime que c’est leur quartier qui est invivable !

Un plan complet de 20 mesures est déployé. Parmi les actions phares, on trouve :

  • la renaturation de nos villes,
  • la création d’un observatoire du micro-climat urbain,
  • le renforcement des moyens de la gestion des crises et le développement de la culture du risque
  • la création d’une coopérative de compensation carbone

En conclusion

La conscience de l’urgence climatique, et l’envie d’agir concrètement, sont désormais largement présentes dans notre société. C’est tout l’enjeu de ce Plan climat que d’accompagner et de faire lever ces graines de mobilisation. C’est aussi l’enjeu de notre génération. Comme l’écrit l’autrice Salomé Saqué : « une personne née en 2020 va subir sept fois plus de vagues de chaleur au cours de sa vie qu’une personne née en 1960 ! »

Nous sommes face à un grand défi générationnel et de transformation de civilisation. À notre échelle, à travers ce plan climat nous apportons une brique pour contribuer à le relever.